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Quand nous avons entendu parler il y a deux mois des 24 heures du samouraï, un événement consistant à pratiquer des arts martiaux pendant 24 heures d’affilée le week-end du 18-19 mai 2024, notre première réaction a d’abord été : « Ça va pas non ? » Puis, on s’est dit que ça avait l’air complètement fou, et comme on est complètement fous également, ça pouvait être marrant. Il ne fallait surtout pas rater une si belle occasion d’aller “jouer” avec des pratiquants des arts martiaux, surtout quand un tel événement se déroulait dans la ville voisine. Nous nous sommes donc inscrits tous les cinq : Jarek, Alexis, Julien, Xavier et Trâm.

On pourrait croire qu’une fois ce défi lancé, nous allions mettre à profit ces deux mois pour nous préparer mentalement et physiquement en vue de cet événement ! Moins d’une semaine avant, nous n’étions pas encore vraiment conscients que l’événement approchait.

Le samedi à midi, sans savoir ce qui allait nous attendre, nous nous sommes pointés devant le gymnase d’Herblay. Dès que nous avons franchi la porte du dojo, nous étions entourés par des gens en kimonos et tenues des arts martiaux traditionnels. Nous savions que nous étions à la bonne adresse pour vivre une expérience unique.

la diversité des gens, âge, niveaux, discipline et même origine… il y en avait qui venait de Belgique. Le nombre de gens ! La diversité aussi des disciplines et des pédagogies. La liberté, la bienveillance, l’ouverture.

Les organisateurs nous ont remis à chacun un sac kraft avec une pomme, une orange, une banane, un coca et une grande bouteille d’eau (que tous les pratiquants allaient remplir régulièrement tant nous allions transpirer), ainsi qu’un bracelet blanc et un très important carton à tamponner. Chaque case du carton correspondait à l’attestation du suivi d’un cours de 2 heures.

une belle organisation qui a permis d’apprécier, de découvrir et d’apprendre beaucoup : sur les arts martiaux bien sûr, mais aussi sur soi-même, et enfin rencontrer des personnes très compétentes et désireuses de partager.

Ce qui nous a frappé tout d’abord, c’est l’énergie et l’ambiance collective formée par des pratiquants de toutes les disciplines, rassemblés dans un même lieu, désireux de partager, de découvrir, et de vivre une expérience d’arts martiaux. Les tenues étaient diverses : la majorité des pratiquants étaient venus dans la tenue associée à leur discipline, parfois brodées au nom de leur club voire avec leur prénom en japonais, français ou encore coréen. D’autres, enfin, étaient venus tout simplement en t-shirt, survêtement ou short.

une immersion martiale intense et riche, un voyage dont on revient grandi et petit aussi

Tout à coup, un grondement puissant résonna dans la salle. Ce sont les joueurs de taiko, un art japonais consistant à frapper d’immenses tambours sur un rythme soutenu et collectif. Le son puissant des instruments, la posture et les gestes des joueurs illustrèrent de façon magistrale la discipline du corps et de l’esprit, le collectif et toute la puissance des arts martiaux. Ce son allait devenir annonciateur d’un cours suivant pendant les 24 heures !

Après une courte allocution d’ouverture de sensei Léo Tamaki, l’échauffement collectif commença. C’était assez impressionnant de voir plus de 200 personnes serrées sur les tatamis, s’échauffer méthodiquement en suivant les consignes données. Même en ne l’entendant pas, ni en ne le voyant pas à cause de la foule massée, on regardait ses voisins de devant qui eux-mêmes regardaient leurs voisins. On copiait, on devinait, on improvisait parfois, et les mouvements se propageaient dans la salle dans un studieux et énergique échauffement.

Premier cours : karaté shorin ryu

Le premier cours était du karaté shorin ryu, présenté par sensei Seisuke Adaniya avec des exercices de posture et de centration. On commençait donc par un karaté traditionnel d’Okinawa. À chaque nouvel exercice, on cherchait un partenaire, on expliquait l’exercice, on testait, on se corrigeait, et on en profitait parfois pour se présenter rapidement sur nos disciplines respectives. Et c’était la magie de la journée : même un expert dans son art est débutant dans un autre, et tous ont à apprendre de tous, tous humbles et désireux d’apprendre et de partager. Au bout de quelques minutes, au signal du maître, on se séparait et on enchaînait sur le prochain exercice avec un autre partenaire.

Au bout de deux heures qui passèrent à grande vitesse tant les techniques s’enchaînaient, la pause arriva, 30 minutes pour souffler, s’hydrater, et surtout… récupérer son carton avec un tout nouveau coup de tampon attestant qu’on s’était soumis à ces 2 heures de pratique. Tous les 3 coups de tampon, un nouveau bracelet de couleur nous attendait. Les couleurs étaient à l’image des ceintures : d’abord l’orange, puis le vert, puis le bleu et enfin -pour ceux qui avaient réussi à tout faire- le fameux bracelet noir.

À peine le temps de souffler, et le son du taiko annonça le prochain cours : du kung fu wing chun.

Kung Fu Wing Chun

Pour Jarek, c’était un plaisir de retrouver son sifu Didier Beddar.

Ce qui m’as le plus plu c’est la rencontre avec sifu Didier Beddar

Pour nous quatre, c’était l’occasion de voir les techniques enseignées par Jarek sous un autre point de vue, et de les mettre en pratique avec d’autres participants que nos partenaires de la Pagode du Kung Fu à Conflans-Sainte-Honorine. Sifu Didier Beddar nous proposa des techniques dont les noms nous parlaient et les applications étaient familières…

Penchak Silat

j’ai beaucoup apprécié le penchak silat que je ne connaissais que de nom et pour lequel je n’avais aucune représentation, j’y ai retrouvé beaucoup de choses que j’ apprécie dans les divers arts martiaux  que j’ai testé : agilité, explosivité, réactivité. Par contre c’est un horreur pour les articulations…

Nous enchaînions ensuite sur le penchak silat présenté en anglais par maître Alvin Guinanao. Nous découvrions l’usage du couteau pour attaquer ET contre-attaquer ! Et c’était très impressionnant. Des mouvements amples nécessitaient le développement progressif de la souplesse. Cependant, ces mouvements devenaient explosifs et rapides dans les applications. On enchaînait des techniques sur les trois niveaux : assis au sol, accroupis et debout, puis on appliquait tout avec le partenaire.

Hapkido

Puis vint le tour de l’hapkido, un art martial qui nous surprit un peu… Chaque percussion devait être précise et on était à la recherche des points vitaux. Les coups de pied proposés étaient bas (ce n’était que le quatrième cours et on souhaitait se préserver), mais bien réalisés, ils généraient des douleurs. On retrouvait certaines similitudes avec le Taekwondo… mais dès que nous passions aux techniques de saisie et de luxation, on s’approchait de l’aikido… Toutefois, les contrôles étaient plus appuyés. Jarek nous dira entre deux mouvements qu’il retrouvait l’affiliation avec le Daito Ryu, qui est également l’ancêtre de l’aikido.

Luta Livre

Le luta livre s’approchait de la lutte gréco-romaine, inspiré également par le catch et le ne-waza de judo et où, malgré son aspect brut de prime abord, jouait beaucoup sur l’écoute, les ressentis, les intentions. Ludovic Rallo proposa un cours dans une très bonne ambiance et permit d’expérimenter l’étendue de cette approche du combat au sol. Il présentait la plupart des mouvements avec un jeune assistant (probablement son fils) et cela donnait une très belle dimension. Nous étions toujours sensibles à une pratique intergénérationnelle.

Il était minuit, cela faisait déjà 12 heures que nous étions sur place. Trois d’entre nous préférèrent rentrer se reposer. Seuls les courageux, Alexis et Julien, restèrent pour tenter les 24 heures.

oui, et c’était bien de venir en petit groupe pour avoir a la fois des personnes familières vers qui revenir de temps en temps. Et l’an prochain, je tenterait de faire les 24h complète.

Taekwondo

Vint ensuite le Taekwondo avec tout un travail sur les coups de pieds directs et circulaires. La plupart des exercices visaient à améliorer le contrôle des coups en frappant des cibles ou en frappant au-dessus d’un obstacle. Nous souffrions avec nos amis budokas de Normandie à lever nos jambes peu agiles et lourdes de fatigue.

Xingyiquan

Avec le Xingyiquan, on était un peu comme à la maison. Nous avons retrouvé un certain nombre de similitude avec du Wing Chun. Le Xingyiquan (形意拳), également connu sous le nom de Hsing-I Chuan, est l’un des principaux styles internes des arts martiaux chinois. Son nom signifie littéralement « Boxe de la Forme et de l’Intention ». Le Xingyiquan met l’accent sur la coordination de l’intention (Yi) avec les mouvements du corps (Xing). L’idée est que l’intention interne guide le mouvement externe, créant une action harmonieuse et puissante. Nous avions été initiés à la première forme dite du poing de métal et à quelques-unes de ses applications. Le rythme était plus léger que pour les cours précédents, mais les postures étaient assez exigeantes.

Shinjukai Karatedo

Puis le cours de Shinjukai Karatedo, dans lequel nous développions un ensemble de techniques de contre, de coup de poing, avec également des projections. Il s’agit d’un style de karaté qui se distingue par son approche pratique et holistique des arts martiaux. 

Le cours était assez dynamique et complet, mais finalement il n’y a eu que Julien qui resta encore assez lucide durant ce cours… C’était le moment difficile des 24 heures… 

l’annee prochaine j’y retourne pour préserver encore plus et partager encore plus notre art martial

Après une courte nuit de sommeil pour certains, de la pratique non-stop pour d’autres, à sept heures, nous étions à nouveau réunis tous les cinq dans le gymnase pour le cours d’Aikido de sensei Léo Tamaki.
En arrivant au petit matin pour le cours d’Aikido nous avions la joie de retrouver nos deux camarades… un peu à bout de force, mais toujours avec un grand sourire et le plaisir à partager la pratique et la volonté de fer à aller jusqu’au bout. Ils ont évoqué des petites douleurs, que les articulations leur “disaient” de rentrer à la maison MAIS est-ce l’effet du café ou le son de Taiko, comme le rappel à l’obligation, leur a fait reprendre le rythme et la posture pour reprendre le cours suivant… 

Aikido

Des exercices très intéressants mêlant techniques et concentration, à mains nues ou au bokken, étaient pratiqués, toujours en se mélangeant à d’autres partenaires (bien qu’à plusieurs reprises, il nous arrivait de nous retrouver entre nous). Sensei Léo Tamaki nous emmena par des exercices du ressenti et de l’écoute réciproque, les deux partenaires restaient très actifs à tout niveau de pratique, vers l’application de ces exercices peu habituels… quoi que…

Ce qui m’a le plus plu : l’aïkido, surtout les deux dernières activités où l’on devait enchaîner la contre-defense à la défense. Donc faire avec ce que le partenaire offrait.

Nous pratiquions le chi sao donc la recherche du développement de la proprioception nous était familière. Nous retrouvions quelques similitudes entre le cours proposé par Sifu Didier Beddar et Sensei Léo Tamaki. Le premier nous avait proposé des exercices de percussion, en particulier une entrée en coup de poing qui, sous l’effet de la parade pak sao, se transformait en bon sao afin d’absorber la parade, la recevoir pour la reprendre à son avantage. Sensei Léo Tamaki orientait son exercice vers l’absorption et surtout “ne pas déranger” le partenaire dans son attaque afin de la laisser passer, créer le vide pour rechercher le déséquilibre. Nous terminions par un flow qui s’exprimait par l’acceptation de la défense afin de reprendre l’avantage… Il s’agissait d’un chi sao qui engageait tout le corps.

Kyokushinkai

Kyokushinkai, et son condensé complet et bien huilé, petit bonus sur le dernier quart d’heure. 

Et pour finir avec le Kyokushinkai, nous abordions un karaté de percussion orienté combat. Nous enchaînions les différents coups de poing, de genou et de pied, tous en ligne à rythme soutenu et au son des Kiai. Le dernier quart d’heure était dédié au surpassement de soi où nous enchaînions coups de poing dans les abdos, pompes, coups de pied dans les cuisses et squats jusqu’à l’épuisement.

Les 24h samurai ont été un vrai défi d’endurance et de persévérance, les 10 disciplines qu’on a pu découvrir sont intéressantes et complète souvent le Wing Chun en terme de techniques 

Le shiatsu à vraiment était la en appuie

Merci pour cette expérience !

Conclusion

Ce fut un très beau voyage à travers la richesse martiale, dans l’échange, le partage, la bienveillance et surtout la bonne humeur. Nous avons pu pratiquer de nouveaux styles martiaux et voir leur expression par de grands experts, ainsi qu’échanger avec des pratiquants d’autres écoles. Nous avons pu pratiquer en toute confiance avec des pratiquants très haut gradés, car il y avait des experts, des maîtres, des enseignants, des élèves très avancés, des pratiquants, et surtout NOUS…

l’an prochain, je tenterais de faire les 24h complète.

une chouette expérience pour enrichir sa pratique des arts martiaux sans rivalité, seulement dans le partage. Du combat sans conflit !

une immersion martiale intense et riche, un voyage dont on revient grandi et petit aussi

Page officiel de l’évènement

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